Le nouvel accord collectif signé par la direction et les syndicats remanie les congés exceptionnels pour événements familiaux ou personnels. Le principe retenu : améliorer l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, en étant systématiquement plus avantageux que le code du travail et la convention collective. Un congé menstruel pour les professionnelles souffrant de règles douloureuses est également testé. L’accord entre en vigueur le 15 mai 2023.
Entretien avec Manuel Nuñez, directeur de l’association Trajet
Pouvez-vous nous expliquer le contenu de ce nouvel accord ?
L’accord collectif propose un nouveau barème pour les congés exceptionnels. Les salariés disposent de jours supplémentaires en cas d’événement familial comme le décès d’un proche, ou pour des évènements du quotidien comme un déménagement. Pour chaque motif d’absence, nous avons amélioré ce que proposait le code du travail et notre convention collective.
Par exemple, en cas d’enfant malade, la loi prévoit trois jours d’absence par an et cinq jours si l’enfant est âgé de moins de trois ans. La convention collective propose quatre jours. Dans le nouvel accord, les salariés pourront s’absenter jusqu’à 10 jours par enfant âgé de moins de 5 ans, 8 jours pour les 5-8 ans et 5 jours pour les 11-14 ans. En cas de décès du père ou de la mère du salarié, nous portons le délai de trois jours prévus dans la loi à cinq jours.
Nous avons aussi créé des motifs d’absence, comme la possibilité de s’absenter un jour pour un déménagement ou pour une intervention technique au domicile. Nous connaissons tous la situation où l’installateur de la fibre ne peut passer qu’en semaine, entre 8h et 17h. Quand on peut télétravailler, cela ne pose pas de problème. Pour un technicien de maintenance ou un encadrant technique en chantier d’insertion, c’est plus compliqué. Enfin, nous créons un congé d’accompagnement d’un parent ou conjoint à un rendez-vous médical qui nécessite la présence d’un proche.
Pourquoi fallait-il modifier le fonctionnement actuel ?
L’idée est d’améliorer l’articulation des salariés de Trajet entre vie professionnelle et vie personnelle. Il s’agit de prendre en compte le quotidien pour que les besoins d’absence ne passent pas par un arrêt maladie ou par un jour de congé payé.
Qu’entendez-vous par congé menstruel ?
Un récent sondage montrait que 35% des femmes déclarent que leurs règles douloureuses impactent négativement leur travail. Parmi elles, 44% ont du mal à se tenir debout pendant cette période. L’idée est que les collègues impactées puissent s’absenter une demi-journée ou une journée par mois quand des règles douloureuses les empêchent de travailler. Nous nous inspirons du texte récemment adopté en Espagne. Mais pour que la mesure soit réellement utile, nous supprimons le passage par la case médecin. Il suffira aux collègues concernées de prévenir le secrétariat et son/sa responsable hiérarchique le matin-même.
En créant ce congé sans justificatif médical, ne craignez-vous pas les abus ?
Au contraire, le sujet est fréquemment tabou, surtout dans le monde du travail. Je pense que l’enjeu est plutôt d’éviter l’autocensure. C’est pour cela qu’il est important de l’évoquer simplement et d’en faire un sujet de débat à Trajet. J’ai confiance dans l’engagement de nos collègues qui font souvent face à des charges de travail importantes. Et puis, nous mettons en place ce congé de manière expérimentale. Dans six mois, nous évaluerons le dispositif et nous pourrons revoir la formule si nécessaire.
Comment les salariés peuvent s’y retrouver facilement entre la loi, le code du travail et cet accord pour connaître le nombre de jours d’absence auxquels ils ont le droit ?
C’est simple : notre accord fait au moins aussi bien que la loi et que notre convention collective. On trouve donc un barème unique dans le document. En complément, Bernadette BARON, responsable RH, diffuse une fiche pratique qui résume toutes les règles de prise de congés, dont les congés exceptionnels. Cela permettra à tous, y compris aux cadres, d’y voir plus clair. Il s’agit aussi pour Bernadette de ne pas être sollicitée à répétition pour les mêmes questions.